Partez au Japon
Lors du dernier cours suivi chez Fuse sensei, la présence de Tadashi Usui qui maîtrise l'anglais facilita grandement la communication. Je l'en remercie.
Une histoire de salut
Le cours débute par deux saluts, un en direction du kamidana et un autre pour le sensei qui salue lui aussi ses élèves.
Comme nous venions de parler de iaidō et plus généralement de budō, Fuse sensei nous montre les différences qu'il existe entre le salut en seiza en karaté, et celui pratiqué dans les budō japonais.
Le salut en budō n'est pas qu'une manière de montrer son respect. Chaque geste qui le compose est maîtrisé, chaque forme de main, chaque position des genoux ou des coudes à un sens. Celui qui salue reste vigilant ! Le 16ème kyokun énoncé par Funakoshi sensei ne dit pas autre chose : hors de la maison 1000 ennemis vous guettent.
Aussi en salut budō les genoux sont proches pour protéger les organes génitaux. Les coudes sont collés aux genoux pour éviter une saisie et un renversement. Les doigts sont serrés pour prévenir une tentative de luxation. Au fur et à mesure, Muriel et moi-même nous rendons compte que chaque mouvement qui compose le salut a un sens, contient une intention, prévient d'une éventuelle agression. Il fait déjà partie intégrante du cours puisque le travail d'une technique ou d'un kata nécessite le même état d'esprit. La recherche de la perfection technique est au prix de cet effort mental continuel.
Canon – Pentax – Sony – Nikon
Le cours est structuré de la manière suivante : kihon, kata et kumite, avec une pause de 15 minutes au bout de 45 minutes d'efforts. A cette occasion, Fuse sensei demande à Muriel la marque de son appareil photo, un Canon. Il cherche dans son placard et retrouve son vieux Pentax. Puis il sort une caméra vidéo. "Kata !" nous dit-il. Le cours reprend mais cette fois nous sommes filmés.
Et puis le kumite. Le thème du cours tourne autour de la perception de l'attaque, mais je n'en dit pas plus, puisque dans les budō certains enseignements se transmettent I shin de shin (de mon âme à ton âme).
L'esprit des Budō
Lors du repas qui suit le cours, les élèves installent des tables basses. Nous avions souffert des jambes lors du repas précédent et je pense que Fuse sensei a eu pitié de nos articulations.
Ce repas est l'occasion d'échanger entre autre sur l'évolution sportive du karaté, sur l'état d'esprit nécessaire à une bonne pratique, sur l'histoire du karaté. Fuse sensei me montre un livre reproduisant des documents anciens que lui a offert Nakazato Joen sensei, 10ème dan et Hanshi de l'école Shôrinji ryû.
A la fin du repas, Mme Fuse nous donne à tous des photos qu'elle a prises lors de notre précédente visite. Fuse sensei nous offre quelques cadeaux d'une grande valeur symbolique. Kanto a lui aussi un présent très personnel à me faire; il m'offre sa montre et son briquet ! Tout cela est assez inattendu et c'est avec une grande émotion que nous prenons congé de notre hôte et de ces élèves. Malgré 25 minutes de marche jusqu'au chikatetsu (métro), accompagné par Tadashi, c'est un peu sonné que nous nous retrouvons assis dans la rame, submergé par le sentiment d'avoir vécu une relation humaine forte, dans l'esprit des Budô.
C'est pour vous la faire partager que j'ai écrit ces quelques récits sur notre séjour à Tōkyō. Nous pensons, Muriel et moi-même, que le karate-dō et les budō en général sont une des dernières aventures humaines, accessibles à tous.
Alors n'hésitez pas. Partez au Japon !
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