Kyan Chotoku, le gardien du karaté authentique
Kyan Chotoku est né en 1870. Son père, Kyan Chofu, était le Chambellan (1er ministre) du dernier roi des RyûKyû, Sho Tai.
Pour renforcer le physique de son fils, il lui fait donner une éducation martiale par les meilleurs experts de Tode (karaté), qui se trouvent pour la plupart dans l'entourage immédiat du Roi : ils font partie bien souvent de la garde rapprochée du suzerain (Oyadomari, Matsumora) ou dirige même cette garde (Matsumura).
Kyan a donc bénéficié de l'enseignement des meilleurs experts de l'époque, dans différents styles, à l'exception notable de Itosu Yasutsune. Grâce à cet entraînement rigoureux, Kyan acquiert des qualités mentales et physiques. Il développe un style basé sur l'esquive et les frappes aux points vitaux. Sa vie est jalonné de bagarres, voire de décès. Son efficacité est légendaire et prouvée.
Sa mort serait héroïque : il se serait laisser mourir par privation de nourriture en 1945, après la terrible bataille d'Okinawa (150 000 morts côté japonais), alors que commence 30 ans d'occupation américaine. Il aurait à cette période donné ces rations de nourriture à des enfants indigents.
La filiation : Kyan Chotoku, Nakazato Joen, Sato Yoshitoshi
Après le décès de Kyan, son karaté survit grâce à deux de ses élèves, Shimabukuro Zenryo et Nakazato Joen. C'est ce dernier, qui crée le l'Okinawa Shôrinji ryû et que Sato sensei est venu voir, à Chinen (Okinawa), alors qu'il recherchait les racines du karate-dô.
Sato Yoshitoqhi sensei est le kancho (directeur technique) du Seishinkan, le dojo qu'il a créé en 1994. Il représente le Shôrinji ryû, le karaté de Kyan Chotoku.
Après l'avoir découvert en France grâce à son représentant, Eric Fournier, nous nous sommes rendus à Fukuoka pour une série de stages.
Lors de ces différentes sessions d'entraînements, Sato sensei nous a donné un aperçu du Shôrinji ryû, à travers quatre des huit katas enseignés dans son école :
- Ananku, le kata de base de l'école.
- Passai, une forme ancienne de Bassai qui remonte à Matsumura sensei, voire qui est peut-être plus ancienne.
- Seisan, dans une forme plus riche de Hangetsu.
- Enfin, Wanshu, une forme ancienne de Empi.
L'école Shôrinji enseigne un kata de bâton (bô), Tokumine no kon. Il s'agit du tokui gata (kata préféré) de Sato sensei La prestation du Maître fut éblouissante de dynamisme, de rapidité et de précision.
Bien que peu développée, l'école de Sato sensei permet de prendre la mesure de ce qu'est l'Okinawa Dento Karate.
Au delà de ces échanges techniques, Sato sensei que nous avions eu le plaisir d'accueillir quelques jours à la maison, a tenu à nous recevoir chaleureusement, au sein de son dojo, au sein de sa famille.
Aligato gozeimasu sensei !
(merci beaucoup sensei)