Dojo Higaonna
Le dojo de Higaonna sensei est proche du centre ville de Naha. Après avoir quitté Kokusai dori, la principale artère commerçante et touristique de la ville, nous demandons notre chemin à une vieille habitante du quartier; nous trouvons enfin, après quelques minutes de marche, la petite rue qui mène au dojo.
Il y a un petit attroupement devant le dojo : Laubscher sensei (Afrique du sud) est avec un groupe de pratiquantes, devant la porte d'entrée. Ils n'envisagent pas d'entrer, le lieu étant déjà investi par des Anglais. Certains d'entre eux ont tombé la veste de karategi et sont en T-shirt ou torse nu. La chaleur est importante, les corps sont luisant de sueur.
Il n'est pas possible de s'entraîner au dojo du maître ce matin.
Les sensei Cousin, Laubsher et Higaonna
S'entraîner dans le dojo du Maître
Soudain, Higaonna sensei apparaît. Son habitation se trouve au-dessus du dojo. Ce sont les retrouvailles avec Laubscher sensei et Cousin sensei. Il porte un T-shirt que lui a offert Pascal Hivert, deux ans auparavant, lors de sa venue en France pour un stage européen à Boulazac ! Higaonna sensei s'enquiert des intentions de chacun et explique que le dojo est ouvert dès le matin: "La clef est ici ! Il suffit de venir, d'ouvrir la porte et de s'entraîner."
Alors que la majorité du groupe des Français repart, Dominique, Yannick, Stan et Philippe décident de rester. Trente minutes plus tard, leur patience est récompensée. Le dojo s'est vidé, et ils peuvent enfin s'entraîner dans le dojo du maître !
Makiwara
Pour ma part, une dizaine de jours plus tard, j'accompagne Bernard Cousin, Pascal Hivert et de deux de leurs élèves, Carine et David.
Une quinzaine de personnes sont déjà à l'entraînement malgré l'heure matinale. Quelques uns d'entre eux utilisent le matériel de musculation spécifique au karaté d'Okinawa : les chishi et les sachi de poids variables sont employés de manières plus ou moins différentes selon les besoins et les objectifs de chacun. La chaleur est étouffante. Elle gène la respiration. Nous nous changeons, deux par deux, derrière un rideau sur le bord du dojo, dans un espace exigu, rempli de sacs de sport.
Après quelques minutes d'échauffement, les deux makiwara sont libres. C'est l'occasion de travailler ma frappe et de recevoir les conseils avisés de Bernard Cousin. L'expérience est enrichissante.
"Follow me !"
L'entraînement se poursuit avec la pratique du kata Kururunfa. Pascal Hivert exécute Suparimpei. Comme je pratique ce kata, j'en profite pour lui demander quelques précisions et noter les quelques différences (mineures) avec la forme que je pratique.
Le dojo s'est peu à peu rempli. Il est temps pour nous de partir. Alors que nous récupérons nos claquettes laissées à l'entrée, Higaonna sensei descend chercher son courrier ! Il aperçoit Bernard et descend nous saluer. Il nous demande de l'attendre quelques instants, pendant qu'il va encourager les karatékas encore à l'entraînement. Il les met en garde contre les dangers de l'excès d'exercices et des risques liés à la déshydratation, particulièrement importants à Okinawa. Puis il revient vers nous : "Follow me !" , et il nous mène au dernier étage, où se trouve ce qu'il appelle son musée personnel.
Un musée privé
Les deux pièces renferment de nombreux kakemono (tableaux suspendus). Dans la pièce principale, sur une table immense, sont disposés divers documents. Higaonna sensei prend avec précaution un livre ancien, aux pages jaunies par le temps. Il nous montre quelques passages d'un des premiers ouvrages traitant du karaté, et nous donne lecture et traduction.
Puis ce sont des photographies de maître Miyagi, une reproduction ancienne du Bubishi, d'autres livres, d'autres documents… Il possède même un ouvrage bilingue, en français et en anglais, datant des années 30 et dans lequel on illustre un paragraphe sur le jujitsu par une photographie d'une démonstration de karaté Goju Ryû dirigée par Miyagi Chojun en personne !
La visite se poursuit. Le maître nous rapporte quelques anecdotes. Une bibliothèque est remplie de ses livres et de ses vidéos.
Il est temps pour nous de prendre congé en le remerciant, encore une fois, pour ce moment simple durant lequel nous avons pu partager sa passion du Karaté.